Calendrier Les spectacles Réserver
|||

EDITO

Sur mon bureau, entre les restes des rêveries de la veille, les ronds laissés par 43 tasses de café et la bouteille de Barbancourt que m’a ramenée un pote haïtien, trainent les 8 versions de Délestage, revisitées par son auteur David Ilunga. Il est kinois, la ville qui vibre et je me demande comment il peut écrire dans ce bruit. C’est l’aube. Enfin il est 10hrs. Et j’ai encore les yeux gros de la veille.

A l’heure où j’écris ces lignes, le Poche est blindé de Catalans, dont les chants révolutionnaires font trembler les murs. Avec Pas Pleurer, nous opérons une plongée dans la guerre d’Espagne ; No Pasaran ! de grand matin ; j’ai mal au crâne, mais j’aime bien…

Hier, j’étais avec le metteur en scène Jean-Michel D’Hoop qui voulait mon numéro de passeport pour aller voir un bout de répétition de L’herbe de l’oubli en Biélorussie et prendre la mesure d’une catastrophe nucléaire. Comme j’ai déménagé, le passeport je l’ai paumé. Faut que je le refasse vite fait parce que c’est l’époque des grands festivals de théâtre africains et caribéens ; et qu’on ne saurait prendre le pouls du monde le cul vissé sur sa chaise. Le Franquisme ne passera pas, hurle-t-on dans la salle. Je suis bien d’accord.

Tiens voilà Frédéric Dussenne qui passe, lui. Il nous pond un vrai vaudeville sur les blancs d’Afrique qui m’a bien fait marrer : Botala Mindele le dernier texte de Rémi De Vos (Occident) avec une grande distribution très alléchante ; et Julien Rombaux qui nous ramène un nouveau texte de Denis Kelly (Orphelins): Love and Money.
Kelly parle du capitalisme comme Le Printemps des Barbares de Jonas Lüscher. Par ailleurs, on fêtera le retour des Chatouilles qu’Andréa Bescond et Eric Métayer ont mis en scène ; les reprises de « Riton et Roda ». Et, dans la joie et les explosions de bonheur, la mémoire de mai 68 dont nous fêterons l’anniversaire avec un paquet de révolutionnaires.

Avec le recul, il me semble que le Poche a édifié sa saison comme le faisaient les compagnons bâtisseurs du Moyen-Âge : sous la direction de porteurs de projets, des corps de métiers ultraqualifiés développent un art de travailler ensemble qui n’a pas fini de m’éblouir.

Au Poche on fait donc le grand écart entre les cathédrales et les révolutions. On est un peu Don Camillo, un peu Peppone. On rit et on réfléchit, ce qui n’est pas antinomique. On vient avec ce qu’on est, on prend un peu de ce qu’il y a à table. Hic et nunc. Ici et maintenant. Comme à l’auberge espagnole….

Olivier Blin, directeur

Newsletter