Dans Going Home, on peut imaginer que la fable et la fiction se nourrissent et s’entremêlent ? Alors, Vincent, dans le spectacle, comment tirer le vrai du faux ?
J’aime dire que c’est un peu « plus que vrai ». Ça part d’un fait divers raconté par un avocat - a-t-il changé les lieux, les noms ? - J’avoue que je ne veux pas le savoir. Tout comme je ne voulais pas spécialement rencontrer Michalak. Grâce à cette histoire j’ai notamment découvert l’Ethiopie, je ne connaissais pas ce pays ni son histoire qui m’a littéralement fascinée. Un pays qui a toujours résisté à la colonisation, riche d’une culture musicale hallucinante, et puis le café, les mythes… J’ai ensuite rencontré la communauté d’Awra Amba pendant mon voyage, Michalak ne l’a sans doute pas connue mais je voulais absolument en parler. Indépendamment, chaque chose est donc vraie et s’inspire de la réalité. Et le tout forme la fiction.
Going Home est le récit d’une migration qui va de l’Europe vers l’Afrique - où le personnage développe un projet économique viable basé sur la plantation et le commerce du café. On a l’impression qu’il y a la volonté « d’inverser la tendance » ?
C’est effectivement un personnage que j’admire énormément. Et j’aime la métaphore qu’il représente. Il suit ses impulsions sans se poser de questions. Dans sa tête, il n’y a pas de frontières, pas de différences entre êtres humains, il est hors de tout le contexte mortifère dans lequel nous sommes plongés quotidiennement. Il n’intellectualise rien, il fonce, il vit. Il va à la rencontre des autres, il est dans le partage, dans l’écoute, dans la découverte, dans l’empathie. Et cela finit par lui réussir. J’ai besoin de ce genre de récits. Je pense qu’ils sont nombreux et qu’ils sont malheureusement trop peu à être partagés. Michalak ne sait pas d’où il vient, il n’a pas spécialement de racines, il est en mouvement pour une vie meilleure, une vie plus juste. Cela pose la question du monde dans lequel nous voulons vivre.