Dans les cahiers d’Anna, qu’elle écrivait quand elle était enfant, on trouve plein d’histoires comme celle-ci :
Ils avaient beau tout essayer, Douglas ne s’arrêtait pas de manger. Il mangeait tout le contenu des placards et tout le contenu du frigo, et quand ses parents fermaient à clef la porte de la cuisine, il mangeait les boutons de ses vêtements et le cuir de ses chaussures, jusqu’à ce qu’il devienne tellement gros que ses parents étaient obligés de le rouler d’une pièce à l’autre. Un jour, ils le roulèrent accidentellement sur un bout de verre, et Douglas explosa comme un ballon ; un morceau de lui se prit dans les branches d’un arbre, un autre atterrit sur la haie du voisin, mais tout le bas de son corps fut emporté par des mouettes affamées. Sa mère ramassa ce qu’il restait de lui, assembla les morceaux avec sa machine à coudre, et son père le rembourra avec les oreillers de la chambre d’amis, et ensemble ils l’accrochèrent au mur entre le portrait de son arrière-arrière-grand-mère et le tableau d’une coupe de fruits ; il était surtout là pour décorer, mais parfois ses parents suspendaient leurs manteaux à ses oreilles et leurs chapeaux à son nez, et quand il y avait des invités, ils ne pouvaient s’empêcher de lui caresser le visage en disant « Pauvre Douglas », avant d’y pendre à leur tour leur manteau.