Dans les bois, la saison 25-26 vous attend ...
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Fort-Mahon, 30 décembre 2024

Il est impossible de faire du théâtre sans aimer les gens

Noël, sa dinde et ses flonflons enterrés, j’ai repris la route. Ma fille est chez sa mère, mon épouse chez son père, je me suis tiré tout seul. J’ai échoué à Fort-Mahon, en bord de Manche, dans un hôtel borgne. C’est le seul refuge ouvert. Ce soir, il s’y rassemble quelques âmes esseulées, chacune à sa table devant un verre de pinard ou de Castelain, la bière du Nord. On se croirait dans un spectacle de David Murgia. C’est un bon coin pour vous écrire…

Demain, pourtant, il y aura du monde à Fort-Mahon. Ce sera la baignade traditionnelle du 31. La mer fera 4 degrés et de merveilleux fous s’y rueront pour nager. Comme cela. Pour rire. Par tradition. Déguisés en homards ou avec le bonnet de bain de mémé. Juste pour déconner…

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé croiser des existences. D’ailleurs le Poche est-il fondamentalement autre chose que leur carrefour ?

Plus que n’importe quelle autre saison, nous avons choisi de faire de 25/26 un concentré d’humanité. C’est bien une jolie mosaïque de tranches de vie que nous vous proposons, rassemblant notamment ceux qui n’ont pas pignon sur rue : des militaires de retour de guerre, des chasseurs de renards, des éleveurs de pigeons, celles que la Mythologie n’a pas célébrées, les tendres qui se confient aux radios de nuit : prêtres en doute, êtres en lévitation, jeunesse amoureuse, cambrioleur à la petite semaine…

Plus que jamais, au Poche, nous aimons les gens, quelles que soient leurs aspérités, leurs bourrelets, leurs rides, leur candeur et leurs caries… Aimer ce qu’ils montrent pour occulter ce qu’ils cachent. Aimer le ridicule. Aimer les efforts que nous faisons pour paraître ce que nous ne sommes pas tout à fait. Aimer qui nous sommes sincèrement.

A titre personnel, je fais confiance en l’humanité que nous portons.

Et vous, spectateurs ou spectatrices, chaque soir, je vous regarde, m’étonnant sincèrement de vous voir si nombreux, et priant pour que ce miracle perdure. Et vous, qui êtes-vous ? Dans la salle, j’ai toujours un œil sur vous. Parfois vous riez, parfois vous vous émouvez. Parfois vous râlez. Certains d’entre vous, de temps en temps, sortent de la salle avant les saluts, outrés par ce qu’ils ont vu et chauds comme la braise. Ah, j’aime vous croiser aussi à ces moments-là et échanger les points de vue. Parfois, nous ne sommes pas d’accord. Souvent, pourtant, vous revenez.

Cette saison, elle vous est dédiée. Elle est dédiée aux gens du Poche, d’où qu’ils viennent et quels que soient leurs bagages. Aux spectateurs qui amènent au Poche ce qu’ils sont, à l’instar d’une auberge espagnole, et qui repartent après avoir grignoté ce que nous leur avons offert.

Olivier Blin, Directeur

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