Mon prof ce héros

On a beau ne pas avoir adoré l’école, certain(e)s enseignant(e)s ont certainement contribué à faire de nous les adultes ou jeunes adultes que nous sommes aujourd’hui. On se souvient bien d’un(e) prof, d’un sujet, d’une manière, d’une matière, d’un enthousiasme particulier…

L’objet de ce blog est de raconter ces moments sans langue de bois, citer ces enseignants, leur rendre hommage, risquer - tant pis - d’en faire des modèles. Car, enseigner est un art difficile.

Qu’il/elle ait la philosophie du professeur du "Cercle des poètes disparus", ou celle de l’enseignant Onizuka dans le manga « GTO » ou qu’elle/il vous ait tout simplement accordé sa confiance, il y a toujours un prof qui nous a marqué ou qui nous a aidé à nous construire. Racontez-nous votre histoire, ...

Vos témoignages seront exposés au Poche pendant la durée des représentations du "Champ de Bataille" de Jérome Colin.

Je témoigne

Les témoignages

Monsieur Leclerq ne m'aimait pas. Oh oui j'entends déjà ce que vous allez me dire! On dit toujours ça de son prof pour justifier ses mauvaises notes. Mais ce qui suit prouve que justement ce n'est pas toujours vrai chers parents!
Cette année là en effet, je suis en 5eme secondaire et mon professeur de français, Mr leclerq s'évertue à me clouer des notes tournant inlassablement autour du 5,5/10 ou du 49,5%.
Il répond très volontiers à Corine qui lui demande, très attentive, s'il faut écrire le titre en rouge ou en vert dans son cahier mais dès que j'essaye d'intervenir il me regarde avec un regard sombre.
Mon cerveau est en ébullition j'ai envie de sublime et je déteste les petites mesquinerie qui m'entourent. wwaahh le monde est duuuur. Soit, je réussis néanmoins mon année et mon nouveau professeur de français s'appelle Mr Robay. J’appréhende, je me mets dans le fond de la classe et je l'entends se présenter et nous annoncer la liste des livres que nous allons analyser ensemble cette année. Nous commencerons par les existentialistes. Kafka, Camus, Sartre, ... Il nous demande de lire les premières pages de "La nausée" de Sartre pour le cours suivant et là commence une magie géniale qui me pousse à attendre super impatiemment ce cours chaque semaine pour avoir le plaisir de cette réflexion si riche, cette analyse profonde et libre du roman. A mesure que nous conversons je me déplace de banc en banc pour arriver au plus près du tableau. Nous nous amusons tellement que j'ai l'impression que nous ne sommes plus que trois dans la classe (oui mon ami Laurent était tout aussi embalé que moi) laissant les autres élèves moins motivés dans leurs rêveries. Cette année là j'ai terminé mes études avec une belle distinction, une orthographe assez discutable et surtout un très grand plaisir de la lecture ! Ah et j'allais oublier : la découverte de l'auteur Hermann Hesse !!!
Merci à toi Monsieur Hugues Robay!!

anouchka, 19 octobre 2019

"Wemmel, le 9 mai 2019 Cher Zenel, Quelle soirée formidable que celle du 7 mai ! Elle restera gravé dans ma mémoire comme un soleil. Ce fut tellement émouvant pour moi de retrouver, dans des conditions aussi extraordinaires, un ancien élève apparu et disparu comme une comète dans le ‘’ciel’’ de ma classe. J’ai beaucoup aimé ton jeu, le ton, la variété des registres, tes mouvements, l’empathie que tu crées, le tout saupoudré de pudeur, d’une certaine retenue de bon aloi. Bref, je t’ai applaudi à en avoir mal aux bras ! Il me reste à te souhaiter une suite brillante à ta carrière dans les arts du spectacle et j’espère te revoir sur scène bientôt (même dans les grands classiques, pourquoi pas?) car comme acteur ‘’débutant’’ tu as fait des merveilles. J’ai eu le plaisir de faire brièvement la connaissance de ta fille Aurore. Elle est adorable. Pour terminer, je veux te dire que ta gentillesse à mon égard m’a fait chaud au cœur. Merci ! Affectueusement, A. Van Renterghem - Gulikers PS : Je suis décidément très fière de toi !"
J’avais quatorze ans quand j’ai fréquenté la classe de français de Madame Van Renterghem à l’Institut Technique Frans Fischer de Schaerbeek. Quarante ans plus tard, je veux simplement partager cette lettre avec vous et rendre hommage à un professeur qui m’a redonné goût à la vie. Le spectacle Fritland lui est dédié. Zenel Laci - 19 octobre 2019

Laci Zenel, 18 octobre 2019

C'était un exposé de français banal qui m'a fait prendre conscience que, à côté de mes parents, je cotoyais chaque jour ma "première fan", celle qui voudrait toujours suivre mes écrits et mes interprétations théâtrales avec beaucoup d'attention et de passion.
A la fin de cet exposé développé sous forme de petits sketchs, elle s'est empressée de s'exclamer cette simple phrase que je garderais en tête toute ma vie : "Quant au jeu, eh bien... Ornella, n'en parlons pas, c'est une actrice née !".
Je ne l'ai jamais oubliée et je n'ai pour cette raison jamais arrêté d'être impliquée dans des projets d'arts de la scène. Quant à mes écrits, elle a toujours été la première lectrice de mes longues (très longues !) rédactions, admirative de ma créativité et des mondes farfelus que je créais dans les moindres détails. Pour m'avoir appris à cultiver ma passion, pour m'avoir encourager à utiliser les mots correctement pour générer des émotions, pour avoir été juste et pleine de paroles rassurantes, pour m'avoir fait découvrir des lectures inspirantes et pour avoir fait de mes écrits des lectures passionnantes, pour me suivre encore aujourd'hui et m'encourager à vivre ma vie comme je l'entends, merci à elle. Elle, cette incroyable professeure de français qui m'a appris tellement plus que l'usage de la langue de Moliere.

Ornella, 17 octobre 2019

Ce n'était pas mon professeur mais je l'avait déjà vu dans les couloirs, profaner contre l'enseignement de sa belle voix rieuse :"Ces gamins de 3ème ils m'emmerdent. Hé oui, apparemment il me manque des heures cette année, alors je reçois un joli supplément d'étude du milieu à donner à des morveux de 3ème... Non mais je voudrais vous y voir, c'est une aberration cette matière !".
J'aimais ce grand personnage fantasque, le seul adulte réellement franc et direct, qui n'hésitait pas à te dire franchement que tu l'emmerdait. Un jour, il proposa aux élèves de théâtre de participer au concours de la communauté française "Scène à deux" et de les coacher personnellement. Pour la sélection il fallait jouer une scène libre et mon duo lui proposa un extrait du théâtre absurde, ce qui le fît beaucoup rire. Passée le deuxième tour, il fallait à présent donner un sens à un texte imposé : un dialogue téléphoné et plat d'un couple qui s'ennuie. Quand nous sommes arrivés devant lui avec l'idée de transposer la scène dans un cimetière, ce qui rendait le dialogue totalement fantasque, il fut immédiatement captivé et nous partagea tout son talent. Les autres groupes ? Il s'en fichait complètement, les élèves ne lui avaient amené que des idées plates et avec nous il riait. Commença alors des moments de privilège où nous répétions sur les temps de midi dans le grenier de l'école, avec son camarade, notre bon prof de français. Puis arriva l'heure du concours, et notre prestation coaché par ce comédien et homme de théâtre, avait une belle longueur d'avance sur les autres participants. Notre scène prit tout le monde de court et les réactions furent vives, car nous avions réussi à transformer l'intrigue par une rencontre de deux mangeuses d'hommes qui se montraient leurs trophées. Le panel des scènes finalistes furent montré au Théâtre National et dans le public, un homme aux cheveux blanc nous regardait avec beaucoup de bonheur. Cet homme, je l'ai revu assis en terrasse il y a quelques mois et mon visage s'est illuminé de joie. 10 que je ne l'avais vu et rien dans son visage espiègle n'avait changé.
Très cher Eric Cumps, ta seule présence dans notre école élitiste m'a fait entrevoir avec soulagement que je n'étais pas la seule à trouver ce monde étrange et qu'en cherchant bien, on fini toujours par trouver comment continuer à ne pas s'emmerder dans la vie ! MERCI !

Victoria Minjauw, 17 octobre 2019

Depuis ma 1er primaire j'ai été nul en math et en 2eme une prof m'a redonné envie d'apprendre les math je suis passé de 30 á 80%

Élève du Ccm, 16 octobre 2019

Je voudrais rendre hommage ici à deux professeurs du lycée royale d’Ixelles. Berthe Dubail et Madame Delahaut respectivement professeure de dessin et professeure de français m'ont fait découvrir les terribles beauté des arts plastiques et de la littérature. Que de moments exquis elle m’ont offert une dans les musées et sur les toiles et l’autre plongée dans les livres. Elles ont dessiné ma vie et je les en remercie.

Annie , 16 octobre 2019

Christian Dejaiffe était mon prof d'anglais, un type exceptionnel. C'est lui qui m'a fait aimer cette langue et c'est grâce à lui que j'ai eu plein de boulot car, que soit à la radio ou à Moustique, j'ai eu ma place parce que je parle l'anglais. Il nous apprenait la langue grâce à la musique et à des bouquins. Il avait une belle autorité, saine. Un jour, il m'a dit, à moi qui n'avais jamais quitté mon petit village :"Monsieur Colin, faut sortir de chez vous maintenant". A partir de là, je suis sorti, j'ai acheté une guitare, j'ai pris des cours de théâtre.

Jérôme Colin, 13 octobre 2019

A 15 ans, mes professeurs m’emmenaient dans de grands théâtres, entendre de grands auteurs classiques. N’y comprenant rien, et trop ado que pour faire des efforts à cet endroit, non réceptif à des langues qui n’étaient pas la mienne, je baillais aux corneilles et m’ennuyais à mourir.
En 1983, madame Van Ommeslaghe, ma jeune professeur de français à l’Athénée Royal de Waterloo, m’a emmené au théâtre voir Un certain Plume de Michaux avec Philippe Geluck, frais lauréat de l’INSAS. Le fond de salle étant déjà squatté par d’autres cancres, je me suis retrouvé au premier rang. Et là cela m’est arrivé comme une bombe : un comédien me parlait. A Moi. Les yeux dans les yeux. J’ai vu le travail, la sueur. Le Courage. Le texte m’est arrivé clair et limpide. Un monde sensible s’est ouvert à mes quinze ans. Le lendemain, j’y retournais, je lisais et j’entamais une course boulimique à l’art.
C’était au Théâtre de Poche, lieu que je dirige aujourd’hui en n’oubliant jamais l’élève que j’étais.

Olivier Blin, 10 octobre 2019

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