C’est peu dire que les illustrations animalières d’Olivier Wiame, créées spécialement pour ce programme, m’ont réjoui. Ces animaux sauvages nous observent et nous questionnent probablement sur ce que nous avons fait et ferons. Avec cette immobilité curieuse qui semble encore nous permettre un temps de réflexion, à nous frères humains. Prendre un peu de temps pour poser toutes choses à venir, n’est pas un luxe.

Parce que à ce stade de Covid, je l’avoue, mon potentiel émotif est totalement chamboulé. Hier, je faisais faire ses devoirs de français à mon ado, et la poésie de Lamartine -à laquelle je voyais peu d’intérêt jusqu’ici- m’a fait verser des larmes silencieuses. Idem pour The Patriot avec Mel Gibson que je regardais le soir même à la téloche : les combats des Américains pour arracher leur indépendance à l’Angleterre m’enflammèrent carrément. J’ai fini debout sur le divan et ma femme m’a dit de descendre de là illico et de remettre mon tee-shirt. Voilà le seul intérêt exploratoire du Covid : on passe de Mel Gibson à Lamartine en pleurant sans savoir pourquoi. Je sens bien les racines d’une  folie furieuse me grignoter l’esprit.  Je suis “l’homme à la tête de chou” de Gainsbourg.

C’est à ce stade que le regard des animaux de Wiame nous sauve la mise. S’ôter l’urgence et reprendre le temps de construire. Ne pas sombrer dans la folie. S’ouvrir à d’autres et, dans le cadre d’un programme de saison, à d’autres pratiques artistiques. Être à la hauteur de la parole donnée et jouer tous les spectacles que nous nous étions engagés à produire et qu’il a fallu annuler cette saison. Commencer une saison au plus tôt et la finir au plus tard, et jouer dehors et dedans, sous les étoiles pour multiplier les prises de paroles. Ne pas avoir de doutes sur le fait que ce soit possible ; rêver et se faire du bien…

Olivier Blin, directeur

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