Je voudrais rendre hommage à Pierre Yerlès, mon prof de pédagogie à l'unif. J'avais cours à une heure "farfelue" (tôt le matin ou fin de journée, je ne sais plus), mais le cours aurait pu avoir lieu à 22h, j'y serais quand même allée! Quel plaisir d'assister à ses cours! Comment parler de l'énergie, de l'enthousiasme qu'il dégageait... Je me souviens des citations inscrites au tableau au tout début du cours, qui vous donnait envie d'avoir tout lu... J'en ai les larmes aux yeux à écrire ce message. C'est grâce à lui que je suis passée "de l'autre côté" et devenue prof. Eh oui...
Appel à témoignages
Mon prof ce héros
On a beau ne pas avoir adoré l’école, certain(e)s enseignant(e)s ont certainement contribué à faire de nous les adultes ou jeunes adultes que nous sommes aujourd’hui. On se souvient bien d’un(e) prof, d’un sujet, d’une manière, d’une matière, d’un enthousiasme particulier…
L’objet de ce blog est de raconter ces moments sans langue de bois, citer ces enseignants, leur rendre hommage, risquer - tant pis - d’en faire des modèles. Car, enseigner est un art difficile.
Qu’il/elle ait la philosophie du professeur du "Cercle des poètes disparus", ou celle de l’enseignant Onizuka dans le manga « GTO » ou qu’elle/il vous ait tout simplement accordé sa confiance, il y a toujours un prof qui nous a marqué ou qui nous a aidé à nous construire. Racontez-nous votre histoire, ...
Vos témoignages seront exposés au Poche pendant la durée des représentations du "Champ de Bataille" de Jérome Colin.
Les témoignages
Bonjour, je me présente Anne-Marie, j’ai 24 ans. J’ai étudié à l’école E.P. De Huy en cuisine de collectivité puis ma 7 ième chef de cuisine de collectivité. J’ai fait 3 ans dans cette école. Je remercie pas seulement les professeurs de mon option mais aussi la direction. Tout au long de mon parcours scolaire, j’ai eu la chance d’avoir de bons enseignants passionnés et à l’écoute, qui ont eu un impact sur mon développement «Madame Boudraa, Madame Robert, Madame Hubin, Monsieur Meulewaeter, Monsieur Berzolla ... ». Chaque enseignant mon appris des méthodes différents sur le métier qui m’ont permis de m’améliorer dans mon savoir-être et mon savoir-faire. J’ai eu la chance de participer à plusieurs activités avec mes professeurs ( les portes ouvertes de l’école, marché de noël , les manifestations, expo de Milan,...). Grâce aux enseignants et à la direction, j’ai trouvé ce que je souhaitais faire dans mon parcours professionnel. En 6ieme secondaire, je ne savais toujours pas ce que je voulais faire plus tard ... j’hésitais beaucoup dans plusieurs métiers mais les professeurs ont pris le tant de m’écouter. Je voulais faire le métier d’enseignant, pour quoi ? Car je voulais faire comme eux partager mon savoir-faire, alors les enseignants et le directeur mon permis de choisir le bon choix, comment ? Pendant les grandes vacances scolaires, il y a des stages d’été, la direction m’a permis avec les enseignants de donner cours avec l’aide des professeurs afin de voir le métier. Fin de 7 ieme, les professeurs m’ont poussé à faire mon CAP, même si j’avais fini l’école, ils ont continué à m’encourager, à m’aider à faire mon CAP. Merci à l’EP De Huy et à mes professeurs de mon option de m’avoir permis d’apprendre autant de savoir-être et savoir faire. Grâce à eux je suis diplômé professeur et mon but c’est d’être autant à l’écoute en vers les élèves afin de les aider le meilleur possible comme mes professeurs ont fait pour moi !
Je n'ai pas vraiment un professeur en particulier mais disons que certains professeurs m'ont apportés des choses que je ne pourrais jamais oublier. Je vais commencer par deux professeurs de français Mme Monacelli et Mme Denimal. La première, nous a toujours appris qu'il fallait avoir l'esprit grand ouvert et nous poussait à comprendre et à réfléchir autrement. Elle nous poussait aux analyses et aux réflexions. Savoir penser de nous même et elle était d'une patience. La deuxième est artistique, elle m'a fait participer à la biennale de théâtre et du coup nous poussait à la parole et à la confiance en soi. Deux professeurs (parmis d'autres) qui nous laissent leurs traces. J'avais une prof de sciences économiques appliquées et de math aussi, Mme Balaes et Mme Clermont. La première, nous montrait le courage, elle avait toujours les explications adéquates et prenait du temps pour tout le monde même quand elle n'en avait pas, tout ça pour aider de son maximum. La deuxième était d'une joie et du patience qui faisait que les mathématiques étaient plus compréhensifs avec elle et qu'au final, il y a toujours des techniques. Certes ils ont tous des qualités mais certains marquent notre scolarité, ils ont des impacts sur notre futur. J'ai vu la patience, le courage, la confiance, la force, la parole, l'ouverture d'esprit, les techniques de réflexions, tant de choses.. Devenir passeur de mémoire aussi, une expérience unique grâce à ma prof de religion Mme Lenzini et puis pour terminer avec " il faut toujours se battre jusque bout" part mon professeur en Haute Ecole Mme koening. Merci à tous ces héros! L'école nous fait connaitre tant de personnes, professeurs dans ce cas, qui nous laissent des marques, ceux-ci sont de très beaux exemples. Peut-on avoir un "héros" particulier alors que chaque personnalité apporte une qualité différente dans nos esprits?
Je ne ferais pas le métier que j'aime sans Pierre Scieur, mon prof de français à l'Institut Sainte-Marie de La Louvière. En rhéto, j'aimais beaucoup de choses...mais j'étais incapable de choisir mes études. "Monsieur Scieur" a invité François Ryckmans pour parler de ses reportages au Congo et de son métier de journaliste radio. Ce fut la révélation: moi aussi, je voulais faire ce métier. Je suis rentrée chez moi et on a pris la route pour m'inscrire à l'EJL. Ma première bonne décision d'adulte. Pierre Scieur nous a également écrit une lettre pleine de franchise et de sensibilité à nous, sa classe de 6ème. Il nous demandait de garder les pieds sur terre, de s'inspirer des livres qu'on avait lus pour devenir des adultes intègres, respectueux et curieux. J'ai toujours cette lettre dans ma boite à souvenirs; je l'ai relue il y a 1 an et elle sonnait tellement juste 14 ans plus tard.
elle est devenue ma maman de coeur...
Je n'ai jamais aimé les math et ce ne sera jamais le cas mais pendant une année elles me sont apparues moins insupportables grâce à ma prof. Ça n'a pas été l'amour fou dès le premier jour (,c'est un euphémisme) puisque j'ai eu un échec au premier test. Mais au fur et à mesure des trimestres j'ai compris que de tous mes professeurs, c'était celle qui nous considérait le plus comme des personnes et pas des numéros dans l'industrie du système scolaire, que c'était celle qui s'investissait le plus dans son travail et qu'elle mettait tout en œuvre pour que les élèves comprennent la matière. Je continue à prendre exemple sur son investissement exceptionnel.
Je ne serais pas ce que modestement je suis si je n'avais pas rencontré deux enseignants du Secondaire. René PETREMENT fut mon professeur d'histoire à l'Institut Sainte-Begge à Andenne. C'est lui qui m'a donné le goût de l'Histoire et c'est lui qui m'a aidé à réussir mes études universitaires, en Histoire précisément. Il fut alors un des rares professeurs à croire en ma réussite à l'université. Il m'a encouragé et accompagné durant toutes mes études supérieures: il a relu et corrigé tous mes travaux, mes notes de cours, éclaircissant les points obscurs, toujours avec humour et énormément de bienveillance. Devenu collègue dans la même école, René m'a abreuvé de littérature, de cinéma, de théâtre. C'est grâce à lui que j'ai commencé à fréquenter assidûment le Théâtre de Poche...! Jean KIRSH fut mon collègue de Géographie alors que je débutais ma carrière d'enseignant à l'Isba.Il fut mon tuteur dans ce métier, m'initiant très utilement à divers domaines qui m'étaient peu familiers: la géographie, l'économie, l'épistémologie, le journal "Le Monde"... Avec lui, j'ai aussi découvert les règles d'Urbanisme, les joies des rallyes urbains avec les élèves. Réné PETREMENT et Jean KIRSH, je vous dois tellement! Je vous aime. P.L. Directeur d'école à la retraite
Monsieur Bohet à Maredsous. Un professeur de français hors pair qui avec tact et intelligence m'a ouvert un monde de mots à moi le scientifique/ingénieur. Il a définitivement complété ma formation. Merci à lui !
Ma première institutrice Madame Lysiane... tu m'as fait découvrir que l'école n'était pas qu'une question de compétences et de réussite. Tu nous as donné le goût de l'apprentissage, de la découverte, de la curiosité... À l'époque, tu étais une avant-gardiste des pédagogies alternatives. Toi ainsi que d'autres profs comme Mr Hérion, Legrand, Dans, Tordoire, Moinet, Goossens... tant de personnes qui m'ont fait grandir. Merci
Premières années de secondaire à l'Athénée Andree Thomas a Forest, découverte pour moi de professeurs passionnés ce qui me changeait tellement du primaire et j'ai été très touchée par Mme Roelandts, prof de français, pleine d'humour et très axée sur le plaisir de l'écriture...c'était tellement gai quand elle lisait nos textes, poèmes, jeux de mots...tout était permis! Et puis lecture de Treblinka qui me marquera à vie tout cela avec tellement d'humanité...je pense qu'elle n'est plus de ce monde mais elle est dans mon cœur!
Ce témoignage s'adresse à Angéliki Tsavalopoulos, certainement ma plus puissante tutrice de résilience. Enfant, j'ai été trimbalée d'école en école, et j'avais une estime de moi proche de l'absurde. "Pas faite pour le général!" disaient les profs, "Va travailler après la rhéto, pense à ta pension, l'université c'est pas pour toi, c'est pas pour nous" disait ma famille... j'étais réduite, sans soutien, et je n'y comprenais plus rien. Boris Cyrulnik à dit “La famille, ce havre de sécurité, est en même temps le lieu de la violence extrême.” Je pense que l'école fait aussi partie de la mascarade. Tout ça a fondamentalement changé en 2009 à l'Institut Bischoffsheim, grâce à ma professeure de français. Mme Tsavalopoulos croyait dur comme fer en moi. Elle m'a encouragé sans relâche, m'a poussé dans mes retranchements, m'a ouvert les yeux sur mes capacités (qui n'ont, en réalité, que les limites que l'on croit) et elle m'a fait comprendre que si ce à quoi j'aspirais de plus profond, c'était étudier : il fallait impérativement que je le fasse ! Bien que, faire mon bachelier en six ans est révélateur : j'excelle en matière de "réussir à échouer", sans nul doute par loyauté familiale. Aujourd'hui, je suis étudiante en Master en Psychologie à l'ULB. Et j'en suis fière. Je compte bien le réussir d'une traite, faire un pied-de-nez à tous mes détracteurs, et dire merci, du fond du coeur, à celles et ceux qui ont véritablement cru en moi. Pour la première fois de ma vie, j'écoute mon for intérieur et de ça, j'en suis sûre, j'avance plus forte que jamais.
#HommageIdaLallemand - aujourd'hui je viens de faire la connaissance d'un merveilleux professeur de morale laïque à l'Athénée Royal Andrée Thomas. Madame Ida Lallemand nous fait voyager dans l'histoire de l'humanité et j'ai hâte de suivre son prochain cours - #34ansplustard
Mon prof de maths de 5è et 6éme ... c'est lui qui a forgé mon devenir d'ingénieur.
Au début du secondaire, j'ai eu deux professeurs exceptionnels.
Mon titulaire, Mr Gérardy, qui nous donnait 14h de cours par semaine et était d'une gentillesse et d'une patience telles que nous nous sentions bien en classe, dans ce grand collège de plus de mille élèves. Son air bonhomme nous rassurait. Il avait toujours le sourire, toujours un mot d'encouragement ou une phrase positive pour chacun. Jamais je ne l'ai vu se fâcher sur un élève ou arriver de mauvaise humeur.
Et puis, il y avait mon prof de français, Mr Marneffe, un homme plus exubérant, bavard, drôle, extrêmement intéressant qui nous faisait rire et aimer le cours. Avec lui, on osait s'extérioriser. Je me souviens que sur mon premier bulletin, il avait écrit en commentaire "tu es le rayon de soleil de la classe". Je n'ai jamais oublié ni la phrase, ni le sentiment que j'ai éprouvé en la lisant. Aujourd'hui que je suis prof à mon tour, j'essaie toujours d'écrire un mot gentil et encourageant dans les bulletins. Même chez les plus récalcitrants.
Allait-il emporter toute ma vie passée et l’engloutir dans la Mer Noire ?
De ma fenêtre, je regardais le fleuve, le vieux pont, le soleil matinal sur le parc Arena. Septembre 1996, Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Bratislava, lecteur pour le CGRI : je prenais fonction…
Un petit bureau carré : deux tables perpendiculaires, une bibliothèque vitrée où étaient gardés les « livres belges » ; une épaisse moquette brun clair, la double fenêtre à double battant qui ouvrait sur le Danube. Je prenais le climat académique avant que les cours ne commencent. J’allais inviter Jean-Claude Pirotte que j’avais trouvé dans la bibliothèque cadenassée… J’écrivais une lettre à André Bouyer, ce professeur de « poésie » (ainsi appelait-on l’avant dernière année dans l’enseignement secondaire traditionnel) qui m’avait tant marqué, il y avait, oui, 16 ans; en 80/81…
Le soleil continental de ce matin m’y engageait. Bouyer, l’homme aux semelles divines, je le voyais s’avancer dans les couloirs du Collège Saint-Hubert (Boitsfort, Bruxelles). Complet crème, chemise blanche, boutons de manchettes, nœud papillon bordeau, gants de chamois (pour conduire sa R5), barbe finement taillée, lunettes fumées ; il semblait ne pas toucher sol. Nous étions encore « dans le traditionnel » ; l’enseignement rénové nous talonnait… Lui, Bouyer, il s’en éloignait toujours plus et mieux. À ses intercours, personne ne sortait de la classe. Parfois, il nous lisait des textes qu’il aimait (comme Platero et moi de Juan Ramon Jimenez). La douceur de sa voix rappelait la légèreté de son pas. Ou alors il sortait un appareil à cassettes et poursuivait son histoire de la musique. Nous écoutions religieusement le concerto pour orchestre de Bela Bartók. Puis nous reprenions Virgile, Homère ou l’interprétation difficile d’un poème de Maurice Scève (subtil amateur de poésie, il avait édité une très belle anthologie). En toute délicatesse désarmante, il nous remettait constamment en contact avec une culture qui affinait nos perceptions. André Bouyer, tel un Don Quichotte sorti d’un tableau du Gréco (philosophe de formation, il nous donnait aussi histoire de l’art).
Je lui écrivais donc une lettre pour le remercier de ce don que je sentais toujours agissant en moi, 16 ans après. Bouyer me répondit en m’envoyant un article qui reprenait quelques mots valises de son recueil du genre, Le petit illitré (paru chez Duculot). Cette haute culture qu’il magnifiait avec subtilité dans ses cours était aussi empreinte d’humour, d’amour et de tendresse. De retour en Belgique deux ans plus tard, je le rencontrai plusieurs fois. Il organisa un jour une projection pour me montrer ses diapositives de moulins à vent, du Portugal aux Îles grecques en passant par la Hollande. J’avais appris, depuis les bancs de l’école, qu’il avait parcouru la France, débusquant les chapelles romanes, l’une après l’autre. Je m’émerveillais de voir, au ronronnement du projecteur, qu’il avait arpenté l’Europe, par monts, par vaux et par plaines, cherchant la lumière parfaite, le cadre évident pour y placer l’objet de son obsession. Au sujet de cette quête, il avait écrit un texte dense, bigarré et inclassable qui accompagnerait le beau livre d’images qu’il voulait publier. Mais pour l’heure, l’Andalousie le passionnait. Il y retournait le plus souvent possible et en rapportait des centaines de nouveaux clichés. Cet homme éminemment spiritualisé nous avait raconté jadis que le flamenco le plus originel lui remuait l’âme et qu’il le rencontrait dans les auberges andalouses les plus villageoises…
André m’écrivait parfois des lettres de sa petite écriture qui me rappelait la fragilité et l’élévation brusque des pattes des montures peintes par Dali… Hier, j’ai extrait du ventre de la baleine (ainsi appelé-je la maison du GE !, à charpente thoracique) quatre cahiers lignés (22×29) à la couverture plastique imitant la toile Denim. « Français », « esthétique », « grec », « latin » (presque tout ce que j’ai gardé comme notes de cours en 20 ans d’études). En les manipulant, quatre photos ont glissé. Peu contrastées, brunâtres. C’était en juin 1982, je me rappelle. Le dernier cours avec Bouyer. Nous lui avions offert un cadeau. Sur l’une de ces photos, il nous fait un petit signe, de remerciement, d’adieu. « André s’en va » comme « Paul s’en va », le dernier film d’Alain Tanner qui montre un professeur qui s’absente après avoir laissé à ses étudiants de quoi grandir (tout en restant enfants). André, lui, est parti le 7 août.